Protection de l’enfant : Des journalistes sensibilisent les populations de la région de l’Est

Publié le mercredi 22 juillet 2020 à 16h37min

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Protection de l’enfant : Des journalistes sensibilisent les populations de la région de l’Est

Le Réseau des médias pour la protection de l’enfant dans la région de l’Est (REMPE) a initié une caravane de presse, les 18 et 19 juillet 2020 dans certains établissements à caractère social de la commune de Fada N’Gourma. L’objectif est de toucher du doigt les réalités des violences faites aux enfants dans la région de l’Est et apporter sa touche dans la sensibilisation pour la protection de l’enfant, particulièrement en ce qui concerne le phénomène de rapt des jeunes filles.

Le taux de mariages d’enfants sous la forme de rapt de jeunes filles est très élevé dans la région de l’Est. Afin d’apporter sa pierre dans la lutte contre ce phénomène en particulier, et contre les violations des droits des enfants en général, le Réseau des médias pour la protection de l’enfant dans la région de l’Est (REMPE) a initié une caravane de presse, les 18 et 19 juillet 2020 dans la commune de Fada N’Gourma.

Venus des autres provinces de la région pour la cause, les Hommes des médias ont rendu visite, le 18 juillet 2020 dans la matinée, à l’orphelinat Yengoundi ouvert depuis octobre 2011. Sur les lieux, les caravaniers ont été reçus par la première responsable, sœur Rosine Sawadogo. L’établissement reçoit les enfants en détresse sans aucune distinction de race, d’ethnie ni de religion, a-t-elle expliqué.

Avant de poursuivre qu’à ce jour, le centre accueille 29 pensionnaires de diverses contrées du pays et 88 pensionnaires enregistrés depuis son ouverture. Et le centre, pour s’auto-alimenter, s’appuie sur l’élevage en plus des aides extérieures.

Et comme doléance, la sœur Sawadogo a souhaité l’intensification de la sensibilisation auprès des femmes pour un suivi prénatal. La religieuse demande aussi de lutter contre l’abandon des enfants par des jeunes filles après l’accouchement, les maladies et la lenteur administrative au niveau de la justice pour l’obtention des documents d’adoption des enfants. Elle a précisé également que tous les pensionnaires issus de l’orphelinat sont passés par les services de l’Action sociale.

Elle n’a pas manqué de remercier le bureau du REMPE qui est venu avec une contribution (habits et cartons de savon) afin de soutenir les enfants. Aussi, elle a lancé un appel aux bonnes volontés afin d’apporter un soutien aux enfants.

Après l’orphelinat Yengoundi, cap a été mis sur la Maison Samuel sis au secteur 10 de la ville. Sur les lieux, les caravaniers, tous vêtus des tee-shirts blancs, ont été reçus par la sœur Marie Collette Soubeiga, assurant l’intérim de la directrice absente. Sur ce site, les hôtes du jour ont été briefés sur le rôle du centre qui est d’accueillir les enfants en situation difficile vivant dans la rue. Le nombre actuel des pensionnaires est de 23, dont huit filles et treize garçons avec des âges variant de 6 à 18 ans. Selon la sœur Soubeiga, les enfants bénéficient entre autres de la poursuite des études scolaires et de la formation aux métiers en vue d’une insertion sociale, notamment la maçonnerie, la mécanique et la menuiserie.

Concernant les difficultés, la responsable intérimaire du centre de réinsertion a évoqué le manque de moyens. L’accompagnement des partenaires sur le plan financier et matériel se fait toujours attendre, a-t-elle laissé entendre.

L. D., pensionnaire au Centre Samuel et élève en classe de 1re avec une moyenne de 14 sur 20, a confié qu’elle se sent bien. Grâce au centre, elle a pu reprendre le chemin de l’école depuis la classe de troisième, après le décès de son père. « Je compte devenir un jour une avocate, et faire de mon cheval de bataille, la défense de la cause des enfants », projette la jeune élève.

Dans l’après-midi, les journalistes ont rendu visite au Cheick Abdoulaye Maïga, guide spirituel et maître coranique au secteur 7 de Fada N’Gourma.

Il était 18h quand les journalistes prenaient place sur la terrasse coiffée d’un hangar en face de la mosquée. Installé sur son fauteuil, le maître des lieux a souhaité la bienvenue à ses visiteurs d’un soir. Après quelques minutes d’échanges avec les membres du bureau du REMPE qui ont décliné l’objet de la visite, le Cheick Maïga a expliqué que « cela fait 57ans que je suis à Fada N’Gourma. Ma seule mission est d’enseigner aux enfants le Coran et tous ses fondamentaux, notamment l’éducation et la sensibilisation. Ce sont les enfants d’ailleurs et de mes voisins. Mes élèves sont environs 40, composés de filles et de garçons. Je les nourris et je les loge. Concernant la mendicité, ils savent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, où aller et où ne pas aller ».

Pour terminer, il a souhaité de l’aide, de la nourriture et des logements. Avant de prendre congé du guide spirituel, le REMPE a remis des tee-shirts et des cartons de savon au profit des élèves coraniques.

Le deuxième jour, le dimanche 19 juillet 2020, les caravaniers, toujours arborés de leur tunique blanche et à bord de leur minibus, sont partis de la cour de la RTB2 pour se rendre au village de Komangou, une localité située à environ 15km de Fada N’Gourma. Après une quarantaine de minutes de route, c’est la nature verdâtre de Komangou qui accueille les caravaniers. Sur les lieux, des bancs et des chaises ont été bien disposés sous des manguiers pour accueillir la délégation.

Le son du tam-tam qui y était joué a inspiré des pas de danse à certains journalistes. A 10h, les visiteurs du jour sont allés rendre une visite de courtoisie au chef coutumier et lui demander son autorisation afin de mener leur action de sensibilisation. Le chef, en retour, a souhaité la bienvenue aux hôtes et a loué l’initiative qu’ils ont prise de sensibiliser la population de son village aux droits et à la protection des enfants contre la violence. Au lieu choisi pour la sensibilisation, une grande foule composée de femmes, d’hommes, d’enfants et de jeunes était mobilisé.

Avec une animation sonore, les caravaniers ont expliqué à l’assemblée les fondamentaux des droits de l’enfant avec l’exemple de l’acte de naissance, la scolarisation et la protection, etc. Il a été organisé des jeux et des concours de danse, et les meilleurs ont été récompensés avec des gadgets.

Avant que les caravaniers ne reprennent le chemin du retour sous la pluie, la population a pris l’engagement de mettre un terme au phénomène du rapt des filles et d’autres actions qui vont à l’encontre des droits de l’enfant.

Pour le REMPE dirigé par Chantal Ouédraogo, cette caravane a été l’occasion pour les journalistes de s’imprégner de la réalité du terrain concernant les violences faites aux enfants dans cette partie de la région de l’Est, où les rapts des filles sont estimés à environ 200 par an.

Soumaïla Sana
Lefaso.net

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