Déguerpissement des zones de pâture de Potiamanga et de Bandingui : Les précisions du maire de Fada N’Gourma

Publié le mardi 23 juillet 2019 à 22h53min

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Déguerpissement des zones de pâture de Potiamanga et de Bandingui : Les précisions du maire de Fada N’Gourma

Suite à une opération de déguerpissement menée le 14 juillet 2019 par les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) dans les zones de pâture de Potiamanga et de Bandingui, localités relevant de la commune urbaine de Fada N’Gourma, le maire de la commune, Jean Claude Louari, a apporté des explications, le samedi 20 juillet 2019, au cours d’une conférence de presse.

Le maire de la commune urbaine de Fada N’Gourma, Jean Claude Louari, entouré de ses collaborateurs, était face à la presse le samedi 20 juillet 2019 dans les locaux de la mairie. Et l’ordre du jour de cette rencontre a été de mettre à la disposition des journalistes, des éléments d’information sur le déguerpissement qui a eu lieu le 14 juillet 2019 dans les zones de pâture de Potiamanga et de Bandingui. Jean Claude Louari a d’emblée expliqué que compte tenu de la pression sur le foncier que connaît le pays depuis plus d’une dizaine d’années, les zones de pâture sont de plus en plus convoitées par les agricultures.

Et cela n’est pas sans conséquences sur la cohabitation entre deux acteurs majoritaires (agriculteurs et éleveurs) au Burkina Faso. C’est en prévention des conflits entre agriculteurs et éleveurs, a-t-il dit, que le gouvernement et les collectivités territoriales ont créé des couloirs de passage pour bétail, des zones de pâture et des zones pastorales.

« Dans la commune de Fada, il y a la zone inter-villageoise des aires de pâturage, dite de Namoungou, qui regroupe les villages de Namoungou, Bandingui, Momba, Pkenchangou et des hameaux de culture, qui a été créé par une délibération (N° 2007-024/MATD/REST/PGRM/FDG/CO) du conseil municipal lors de sa session ordinaire des 12 et 13 décembre 2007 et qui a d’ailleurs marqué un accord pour la délimitation de la zone à sa première session ordinaire les 21 et 22 février 2008 par une délibération (N° 2008-001/MATD/REST/PGRM/FDG/CO) », a détaillé le maire de Fada N’Gourma.

Et de poursuivre que ladite zone avait initialement une superficie de 12 185 hectares (11 200 ha présentement) mais a connu, suite à la délimitation, une diminution de 985 hectares sur proposition des personnes affectées et après une concertation pour un relogement de ces derniers qui logeaient dans la zone de pâture.

Le conférencier du jour a indiqué que concernant la deuxième zone de pâture inter-villageoise (Potiamanga), regroupant les villages de Potiamanga, Bougui, Gbersaga et Momba, elle a été créée par un arrêté N°2012-006/MATDS/PGRM/CFDG/CO du 14 mars 2012, suite à la délibération n° 2010-010/MATD/REST/PGRM/FDG/CO qui a porté délimitation de cette zone de Potiamaga le 10 juillet 2010, avec une superficie de 3 065 ha. À entendre M. Louari, ces deux zones ont toutes été délimitées, bornées, balisées et cartographiées.

Processus entamé avant le déguerpissement

Le bourgmestre de la commune de Fada N’Gourma a signifié à la presse que le conseil municipal a entrepris, depuis 2012, avec l’ancien maire Kocty, une série de dialogue et de sensibilisation en vue de l’application effective des textes de gestion à vocation d’aires de pâturage et de pistes à bétail. « De 2012 à nos jours, plus de 50 rencontres, séances de sensibilisation, visites terrains ont été réalisées ». Jean Claude Louari est revenu sur d’autres missions effectuées par les services techniques de son conseil municipal sur les zones de pâture afin de sensibiliser les agriculteurs pour libérer les pistes rejoignant les deux zones de pâture, notamment du 24 avril au 5 mai 2017 et du 10 au 12 mai 2017.

Avant de poursuivre que le 20 mai 2017, afin de trouver une solution pacifique à cette occupation illégale de ces zones de pâture, une rencontre de concertation sur la libération desdits zones a eu lieu avec les populations des villages de Potiamaga, Bougui et Momba à la mairie de Fada N’Gourma, en présence du haut-commissaire du Gourma, du préfet du département de Fada, de la direction régionale de l’environnement, des forces de l’ordre, des représentants des éleveurs et des organisations de la société civile.

Et c’est à l’issue de cette rencontre que les agriculteurs ont demandé de les laisser récolter avant de libérer la zone, avec pour date butoir le 31 décembre 2017. « Malgré les sensibilisations pour la libération de la zone, en plus de la diffusion de plusieurs communiqués dans les médias, ce fut peine perdue », a fulminé l’idylle de Fada. « Le 19 mai 2018, j’ai fait recours à Sa Majesté le roi du Gulmu pour convaincre les occupants illégaux, et une mission composée des sages (coutumiers et religieux) et moi-même (maire) était sur le terrain afin de les convaincre de libérer les lieux. Au retour, un compte rendu de satisfaction a été fait au gouverneur de la région de l’Est. Quelques jours après le retour de la mission, il nous a été signalé une reprise des activités de défrichage à grande échelle dans la zone de pâture de Potiamanga. Les auteurs ont très vite été mis en garde, mais rien n’y fit ! », a-t-il regretté.

Pour le maire, la presse pouvant être un canal de sensibilisation, une caravane de presse composée de plusieurs médias de la commune a été initiée le dimanche 17 juin 2018. L’objectif était de permettre aux journalistes d’effectuer le déplacement sur les lieux, d’échanger avec les différents acteurs et les populations riveraines afin de produire des articles qui vont contribuer à éclairer la lanterne des uns et des autres.

Des menaces de mort ont été proférées à l’endroit du maire et d’autres personnes par le sieur Combary Koandja, le leader des indécis, à la libération des zones pastorales, a relaté le président du conseil municipal de Fada.

C’est ainsi qu’à la date du 28 juin 2018, une lettre d’information du maire, relatant la situation des zones de pâture, les efforts fournis et les menaces enregistrées dans l’exercice de ses fonctions, a été adressée au procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma, suite à la sortie de la caravane qui a attiré l’attention des autorités régionales (gouvernorat) sur la situation des zones de pâture de la commune. En plus, une procédure judiciaire a été engagée pour la résolution du problème.

Le conférencier du jour et ses collaborateurs ont indiqué que c’est à l’issue de la procédure judiciaire enclenchée, qu’un huissier a été commis à la tâche et s’est déporté sur le terrain pour constater de visu les faits après le rapport et les actions déjà menées par la commune dans la résolution du problème. Deux autres missions ont été effectuées par l’huissier sur le terrain, dont la dernière en date du samedi 11 mai 2019, avait pour objectif de transmettre une notification de l’ordonnance d’expulsion des occupants de ces zones de pâture (Potiamanga et Bandingui) et le délai d’exécution.

Et tout cela est survenu après une programmation d’audience entre le maire et les occupants pour une confrontation. Ces derniers ne sont pas venus à l’audience. Et pour le maire, c’est après toutes ces tentatives pour amener les occupants devant le juge, que la justice a statué et ordonné le déguerpissement sur ordonnance (référence N° 019/2018 du 16 août 2018). La date du 14 juillet 2019 a été choisie pour le déguerpissement.

Pour conclure, il a révélé que le déguerpissement s’est fait dans les règles de l’art et faisait suite à une décision de justice. La police, la gendarmerie et l’armée ont été mises à contribution pour déloger les occupants illégaux. Le maire a ajouté qu’il est trop tôt pour évaluer les victimes du déguerpissement mais il a rassuré qu’une enveloppe de 5 millions de francs CFA a été dégagée pour une prise en charge humanitaire des personnes affectées.

Soumaila Sana
Lefaso.net

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